Raison d’être de l’entreprise : entre sens et contresens…

La raison d’être correspond à la mission de l’entreprise, à sa finalité (« the true purpose » pour reprendre les termes de Peter Drucker) ; elle est donc naturellement la toute première composante du sens et l’élément clé du positionnement stratégique de l’entreprise.

Organiser les informations à l’échelle mondiale pour les rendre accessibles et utiles à tous

Raison d’être de Google

Aujourd’hui, ce travail est encouragé par la loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises). Depuis 2019, les entreprises françaises sont effet invitées à redéfinir leur raison d’être et à opter pour une orientation « long terme ». La raison d’être est le projet de long terme dans lequel s’inscrit l’objet social de l’entreprise.

Apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre

Raison d’être de Danone

Améliorer la vision pour améliorer la vie

Raison d’être d’Essilor

A vrai dire, cela tombe bien car ce travail sur le sens est encore largement négligé dans les entreprises. Ce constat est tout aussi frappant pour un grand nombre d’entreprises qui se tournent vers l’agilité mais :

  • qui peinent à mobiliser responsables et collaborateurs dans ce travail de réflexion sur l’identité de l’entreprise, sur ce qui la rend unique et son impact sociètal;
  • et qui sont encore plus incapables de faire vivre ce sens dans le quotidien des personnes pour devenir une entreprise alignée et donner du sens au travail de chacun.

Le « brown-out », sentiment chez le salarié que son travail ne sert à rien et incompréhension de son rôle dans l’entreprise, est de plus en plus marqué. Une étude Deloitte et Viadeo (2017) révèle, que 55% des salariés jugent que le sens au travail s’est dégradé.

Une autre étude, portant cette fois-ci sur le bonheur au travail des Français, réalisée par l’institut Think pour la Fabrique Spinoza montre que presque 1 salarié sur 2 (44%) ne trouve aucun sens à son travail.

Et puis comment songer à se transformer, si on ne sait pas véritablement qui on est?

Alors, la raison d’être est-elle véritablement porteuse de sens ?

Oui sous certaines conditions. Tout d’abord quand la raison d’être exprime la véritable finalité (« true purpose » est décidément bien choisi), quand elle explicite le pourquoi en répondant à ces deux questions fondamentales :


« Pourquoi existons-nous ? »
« Pourquoi sommes-nous engagés dans cette activité ? »

Car la loi loi PACTE, aussi encourageante soit elle, ne peut éviter à elle seule une mission ou raison d’être vide de sens ou juste de façade, affichée avec fierté sur des murs ou de jolies plaquettes mais en aucun cas vécue par les salariés. C’est un travail de fond (toujours plus important selon la taille de l’entreprise) et un effort collectif qui doivent s’engager. Sur le fond, la raison d’être sera d’autant plus porteuse de sens que sa contribution au monde sera visible (d’un point de vue environnemental ou sociètal).

Reconnect People to Nature

Raison d’être du Groupe Rocher

La forme fait aussi partie des conditions : la raison d’être doit être courte, orientée action et inclure une proposition de valeur (si possible ciblée) pour être lisible, signifiante et compréhensible.

Offrir à chacun une meilleure façon d’avancer

Raison d’être de Michelin

Le combat permanent de l’alignement

Une raison d’être vide de sens n’est pas la seul risque.

Même si l’entreprise parvient à définir sa raison d’être selon les conditions décrites précédemment, il lui reste encore à la diffuser, la faire vivre, à l’inscrire profondément dans la culture d’entreprise et surtout à la concrétiser dans le travail et les activités de chacun, à tous les étages de l’entreprise et dans toutes les interactions avec le monde extérieur.

alignement et transformation agile

Et c’est là que ça coince, que le risque s’est déjà transformé en problème pour certains.

La definition collective et un travail en co-construction ont un impact positif en favorisant l’appropriation et le vécu de la raison d’être mais vous aussi avez constaté qu’ils n’étaient pas suffisant dans la durée.

Les actions de communication / marketing présentent elles-aussi un interêt mais celui-ci reste ponctuel et leur intensité doit être bien calibrée pour ne pas être contre-productive…

Non ! pour éviter les non-sens, pour installer la raison d’être sur le long terme et en tirer les bénéfices, il est nécessaire d’aller un cran plus loin et de mettre en oeuvre de nouvelles actions. L’alignement est la clé.

A propos de Jean-Claude Grosjean 56 Articles
Coach agile d'entreprise et formateur, Jean-Claude Grosjean est le fondateur du cabinet Eveil Agile et l’auteur des livres « Culture Agile » (2018) et "Revolution RH Agile" (2020). Son blog « qualitystreet.fr » est une référence reconnue sur l’agilité, le coaching agile et la facilitation. Depuis plus de 15 ans, il s'est spécialisé dans la transformation agile d'entreprise, le conseil RH agile et la mise en place d'organisations orientées Produit à PARIS, GENEVE et LAUSANNE. Me contacter: +33 6.20.98.58.40