Flex Office et Agilité
Flex office et agilité. Non le Flex Office ce n’est pas agile : pire, c’est une entrave au « travail ensemble » des équipes agiles.
Le Flex office ou bureau mobile consiste pour un salarié à ne plus avoir de bureau fixe. Ce mode d’aménagement est d’abord apparu dans les grands cabinets de conseil (Accenture, Deloitte, …) pour réduire les coûts immobiliers dans un contexte où une grosse partie des bureaux étaient inoccupés (les consultants travaillant l’essentiel du temps chez leurs clients ou en situation de nomadisme).
Le Flex office s’impose désormais aux sièges sociaux de grandes entreprises (Sanofi , Engie, Danone, Bouygues Télécom, Axa) ou à de grandes banques (UBS, Citybank, Société Générale…) toujours pour les mêmes raisons économiques mais aussi pour le prestige de bâtiments flambant neufs et au summum des nouvelles technologies. Effet de mode, effet whaou, joli vernis… c’est souvent l’EGO de l’entreprise qui parle…
Point Positif #1 : L’idée semble plaisante puisque ces nouveaux aménagements mettent fin aux bureaux fermés. Ils invitent les dirigeants et managers à montrer l’exemple, en travaillant au plus près de leurs collaborateurs. Le flex office joue sur les symboles et élimine certains signes distinctifs de pouvoir : à la clé, équité et davantage de transparence.
Point positif # 2 : L’aménagement en Flex office s’accompagne de davantage d’espaces collectifs et d’éléments favorisant le bien-être du collaborateur (nouvelles technologies, espaces ouverts, plantes, salles de détente, salles café, kitchenettes, des bibliothèques, espaces de créativité…). Il améliore donc l’espace de travail.
Et pourtant en terme de culture agile on frôle la catastrophe
Malgré ces éléments positifs et un discours bien rôdé des promoteurs du Flex office (à la hauteur de l’enjeu financier…), la réalité du TERRAIN est beaucoup moins réjouissante en particulier pour les EQUIPES AGILES (la situation est évidemment différente dans d’autres contextes).
Contrairement au télétravail (qui lui peut se marier efficacement avec l’agilité), le Flex office ne répond pas à des préoccupations sociétales et aux attentes des salariés : la logique est purement économique !
De plus, le Flex office n’est pas proposé : il est imposé. C’est donc aux salariés d’adapter leur travail, leurs activités, leur expérience à ces contraintes d’environnement. Ce constat va complètement à l’encontre d’une démarche ergonomique de conception des situations de travail.
Comment conjuguer Flex office et Agilité ?
Le Flex office ne va pas dans le sens de la culture agile. Ce qui est pertinent pour une société de conseils (avec des consultants mobilisés chez ses clients) ou un cabinet d’audit, spécialiste de la réduction des coûts, ne l’est pas forcément pour une équipe agile chargée de travailler ensemble au quotidien et sur le long terme à la livraison d’un produit pour ravir un client final.
S’il mise sur l’expérience employés, le collectif et la culture agile, la fonction RH agile doit donc savoir dire non au Flex office.
En plus d’un sentiment d’appartenance qui peut décroitre sur le plan individuel, le Flex office est nuisible au travail ensemble d’une équipe agile qui a besoin de repères non de nomadisme et d’un environnement de travail propice à la collaboration.
Le Flex office génère des situations ubuesques avec des morceaux de management visuel disséminés ici ou là dans des salles de réunion partagées.
Au final, les personnes isolées travaillant dans un contexte d’agilité distribué représentent la seule situation pour laquelle le Flex office peut convenir. Pour les autres, la seule option acceptable est de négocier (le plus souvent dans la douleur) et d’aménager pour les équipes agiles des territoires / zones d’équipes non concernés par le Flex office.
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